Roses nouvelles à Bagatelle

Le concours international annuel des roses nouvelles 2013, sis au Parc de Bagatelle à Paris, est ouvert de juin à septembre 2012. Les promeneurs y sont judicieusement sollicités pour élire, eux aussi, leurs trois roses préférées – et la plus parfumée de toutes...

Dans cette superbe roseraie à la française, il y a des angles de buis privilégiés ; dans l’un d’entre eux, voici de profil La n° 35 :

Ma grand-mère, Henriette Grandjean-Bourquin (1887-1968), une des inventeurs du Style sapin, artiste née à La Côte-aux-Fées en Suisse, présente à Dresde et Munich en 1905/1906 (avant Le Corbusier), et à Paris en 1910... (– personnalité hors norme et remarquablement anonyme !), me disait que : « pour commencer à percevoir une Rose, il fallait en avoir peint... Cent et une ! » Et pour moi au moins, le mystère ‘tant redouté’ de la très « belle rose » demeure...

Sans doute, y a-t-il quelque chose d’extrêmement savant au travail horticole ; ne serait-ce que pour créer, annuellement, parmi toutes les sélections variétales de l’histoire humaine, encore ici, les bons numéros pour concourir ! Quelques sophistications que jury et public de Bagatelle voient, mais ne regardent peut-être pas... Par exemple, le savoureux rosier plein d’épines au feuillage d’un vert mat sans pareil ; aux fleurs d’un rose violacé des plus attractif qui, ouvertes telles des pivoines, présentent un superbe cœur d’étamines dorées ; tout en émettant un parfum fin et suave... Or il était le lauréat des insectes qui s’en donnaient manifestement l’adresse. Preuve par visuel :

Or, comment comprendre que ce n° 16 (de l’an passé) soit... si évidemment demeuré sans prix, ni distinction aucune !? Elément végétal de beauté qui n’aura peut-être jamais le bonheur d’un nom... Là aussi une merveille hors norme, comme indemne du goût de nos contemporains ? Or avez-vous vu ailleurs un tel, disons...

Spectacle d’heureuse volupté goulue ‘à table fleurie’ ?

En cohérence avec mes nécessités... je suis le plus possible familier ‘des libertés de non consommateur offertes’ par ce jardin parisien. Après cette époque où le public est comme éduqué par les petits fleuristes à s’émerveiller de roses idéales « sans feuilles et sans épines » (alors que les jurys paraissent primer un retour vers les rosiers de type « églantines » à la distribution végétale foisonnante) espérons une nouvelle ère aussi dans ces Concours... !

Au fond, j’aime revivifier dans les jardins une attitude enfantine de contemplation... Pourquoi faut-il que, souvent, mon regard me guide vers un plant harmonieux, bien particulier, parfois sauvage ou hybride ? – Il est vrai que je le partage, souvent, avec quelques bourdons, petites guêpes, ou abeilles allant aux sources d’inspiration !

Ainsi, en suivant le vol d’un gros bourdon aux pattes lourdes de pollen, mes pas se sont portés sur un classique de la roseraie de Bagatelle... Et quelle émotion d’y lire gravé sur l’étiquette : Jardins de Villandry – Delbard !

De retour à l’atelier, l’occasion de revisiter les catalogues des Marches d’un regard s’est imposée alors à moi, puis d’en reprendre les textes.