Pyrale : présence du papillon à Paris

Cydalima perspectalis -femelle- (Walker, 1859), syn. Diaphania (Diaphana perspectalis) est l’hétérocère de la Pyrale du buis ;  ce papillon dit ‘nocturne’ est originaire d’Asie orientale (Chine, Corée, Japon, etc.). Les exemplaires 2014 de la seconde génération parisienne (captés à mon atelier) sont d’une envergure de plus de 34mm, sur des corps robustes de 15 à 18mm. Seul l’abdomen diffère légèrement en taille, et à l’extrémité, entre mâle et femelle. Le papillon vit environ quatre jours pour sa reproduction et la ponte…

Selon mes observations, de jour cet insecte a un vol direct et bas (je l’ai vu se reposer à terre !). Dans un demi sommeil il demeure en alerte… puis s’ébat de la soirée au matin. Faute de filet à papillon… (souvent chaque femelle est porteuse de plus de deux cents œufs  – formidable exponentiel de ravage pour les buis !)  une ‘simple’ tapette à mouche ou une raquette peuvent faire l’affaire.

Cydalima perspectalis est joliment  diaphane… Posé sous les feuilles, il est à peine visible (grâce à sa géométrie d’hétérocère) ;  ne le dirait-on pas d’un dessin delta, beau comme ‘les avirons de la mort’ ?

Mais… par ailleurs, un spectacle est à recommander aux angoissés de notre Société.

Dans les espaces verts de Paris, certains buis, parfois ravagés ou défoliés comme jamais, se parent à présent d’une superbe régénération verte ;  dépassant forces blocages idéologiques, dans plusieurs parcs, les Buxus sempervirens ont été traités (à bon escient !). Geste de civilisation, nos buis sont-ils en passe d’être soignés ?

En date du 21 mai 2014, le Cabinet compétent de la Ville de Paris m’informe, par son conseiller :

« Madame la Maire, très attentive à votre courrier (cf. billet précédent), m’a chargé de le transmettre à la Direction des Espaces Vert et de l’Environnement de la Ville de Paris, afin qu’elle puisse l’examiner avec soin. »

Aussi, afin de m’émerveiller des dernières splendeurs esthétiques d’un vaste espace d’iris ;  de goûter la présence des pivoines ;  et de humer les premières roses de Paris, je suis allé au  jardin de Bagatelle.  Pour la plupart les Buxus sempervirens y ont retrouvé leurs belles et ardentes couleurs… d’un vert sacré  – leur unité diverse et sculpturale de végétal finement travaillé.

Sous bonne garde et observation, il n'y a eu en ce parc que de "simples" défoliations, mais pas d’atteinte en profondeur de l’écorce verte des branches.

Dans la domestication humaine des jardins c’est une première !  Un événement pour les buis et dans nos vies…

Mais il vaudrait peut-être mieux ne pas avoir à s’interroger si,  de tels végétaux  – calmes et lents –  pourront supporter encore pareilles attaques. Il serait encore utopique d’attendre qu’un prédateur naturel assume la responsabilité humaine !

Observation, vigilance, information et prévention sont devenues nécessaires compte tenu des avancée de la fameuse Pyrale.

Après avoir été reçu le 17 mai, par l’Adjointe au Maire du 15e, chargée des espaces verts, de la nature et de la préservation de la biodiversité – Alertés –  les responsables politiques de la mandature ont ouvert un dossier de préoccupations graves (parmi d’autres !).

Or, dans un tout autre temps naturel que celui du Temps administratif, simultanément, les larves ont poursuivi leur travail systématique de gourmandise sur les buis du voisinage (sur les voies publiques et privées) ;  elles se sont mises en nymphose ;  puis se sont métamorphosées en papillons,  et... 

Voici ce qu’il en est dans les bocaux d’observation d’un artiste visuel :

Devenue larve de 33mm, suite à l’étape de jeûne et après plus d’un mois de nuisances, la pyrale s’est suspendue.  Ici, c’est le second stade de la nymphose où l’on voit (hors de leurs voiles de soie) que la ‘tête noire’ de la pyrale s’est détachée, la métamorphose s’opère selon un tête à queue... La chrysalide mesure alors 21mm. Les ailes du futur papillon vont se former de bas en haut.

Après 12 à 15 jours de mutation et d’oubli en chrysalide, c’est l’événement. D’un coup au petit matin, tête en bas, le papillon diaphane s’expulse et s’envole…  laissant derrière lui, telle une douille, l’enveloppe de sa mue (de 16mm).

Dans mon dernier billet, je le craignais déjà. Les estimations des sites de référence paraissent avoir sous-évalué la temporalité relative du cycle.  J’observe par exemple que c’est en dizaine de jours et non en « environ un mois » que dure la nymphose sous nos climats. Fin mars 2014, j’avais déjà capté un papillon…  C’est pourquoi les cycles de dévastations, puis de progressions géographiques seront peut-être au nombre de quatre cette année.

Après des essais d’acclimatation sur d’autres végétaux, dont l’olivier, je n’ai personnellement que peu d’éléments sur l’éclosion des œufs sur ce végétal… (rumeur mise en lien, précédemment).

Le péril symptomatique… et l’implantation de cette Pyrale du buis sont-ils mieux traités en Suisse qu’en France ?  En Belgique ou au Pays-Bas, leader en pratiques horticoles ?  Après l’article scientifique de Genève (cf. billet du 26 sept. 2013), je mets en lien celui non moins exemplaire du Canton du Jura et celui de la ‘Ville fleurie’ d’Ecully (Rhône-Alpes).

Quel serait le bon gouvernement ?  -User du phytosanitaire :  interventions plus ou moins chimiques ou biologiques… (peut-être condamnées sans nuances par le milieu des apiculteurs ?). -Attendre les résultats des recherches menées par l’Astredhor (Institut technologique d’horticulture), l'INRA, etc. ? Recherches éthologiques par exemple, essai avec les micro-guêpes qui parasitent les œufs :  parasitoïde de la pyrale ? -Fournir l’information aux citoyens et encourager les pratiques de prévention ?

De près ou de loin – dans des Jardins jusqu’ici impeccables –  beaucoup seront touchés dans leur symbiose à la nature... Moins abstraitement, nous entrons dans un nouveau monde… et si l’on revisitait le concept de l’œuf de Colomb ?

Dans mes précédents billets je relevais des gestes simples et opiniâtres à l’usage des particuliers, d’où ma petite découverte sur trois éléments :

-la pyrale du buis se ‘noie dans un verre d’eau’ ;  -par ailleurs, l’insecte adulte s’englue sous un voile imprégné d’huile végétale au pyrèthre ;  -mais faut-il ajouter que les buis totalement atteints sont… à mettre au feu ?!