L’Atelier du peintre du M’O 4/4 - D

Suite des analyses visuelles ‘après restauration’ :

10) – D  Portraits des Sabatier

Le dossier de presse l’affirme : « Des détails sont de nouveau visibles. Un émerveillement pour les spécialistes. »[sic] Intéressons-nous donc maintenant au couple d’amateurs visitant L’Atelier (les Sabatier).

En haut, en couleur sépia, détail avant restauration où le fini paraît impeccable. Examinons les variations d’état du même détail à travers les quatre images ci-dessus :

En haut à gauche, c’est après restauration. Que s’est-il passé ?  Des repentirs apparaissent. Or ils sont manifestement les traces d’une recherche première de mise en place idéale, par le peintre, des têtes de ces deux amateurs d’art célèbres à l’époque, et dont il fallait donc soigner la représentation. – On s’interroge !  Car voici la femme soudain dotée d’un double menton, et l’homme d’un double front… La mise au jour de ces repentirs, visibles avec un minimum d’attention (même non experte), produit un effet ridicule. C’est la trahison du sens et de la beauté de l’ouvrage de Courbet, au principe d’un chèque en blanc laissé aux cotons imbibés de dissolvants…

En haut à droite, il se trouve aussi qu’après restauration, le différentiel selon un système de comparaison d’images démontre un état d’usure inégal des surfaces ;  effet symptomatique révélé ici par les plages claires et les plages jaunes sur fond opaque.

En bas à gauche, ce visuel en couleurs de contraste confirme aussi les usures révélées après restauration. Elles se chiffrent à 24,50% de purification absurde.

En bas à droite, retour à la vision harmonique sur l’état de beauté et de clarté spatiale d’avant restauration.

  Allez comprendre pourquoi la rhétorique actuelle veut qu’à chaque fois qu’apparaissent des usures causées par l’interventionnisme  – allant au-delà de ce qui était initialement prévu dans l’idée d’un allègement modéré –  on entende toujours la même rengaine : ce n’est pas moi, c’est quelqu’un d’autre… ce ne sont que « des usures enfin révélées d’autres restaurations (abusives) débordant sur l’original ». Et dans le cas de réapparition de repentirs, voici les explications fournies : « Ces repentirs (de Courbet) auront des conséquences sur les temps de séchage en entraînant un vieillissement naturel de la surface qui se manifeste par des zones de transparence accrues. Ces transparences font partie intégrante de l’œuvre, c’est pourquoi il a été décidé de les laisser visibles. » Dossier de presse (p.6).

  Le problème de zones de transparence accrues à coup de ‘restauration’ est aussi un fait d’aujourd’hui. Car en vérité, qui oserait dénoncer l’effet pervers de références abusives aux Rayons X :  la manie, à prétexte scientifique, de plus ou moins mettre au jour ici les sous-couches  – quel que soit leur intérêt et leur signification –  plutôt que de respecter le travail accompli au final par l’artiste ?

En ce ‘détail’ ci-dessus observé, à quoi bon retrouver les couleurs brun-rouge du châle sur l’épaule droite de Madame Sabatier, si savamment peint dans la même puissance lumineuse que ‘les noirs’ de la robe… si c’est pour faire apparaître des complications inesthétiques qui font penser à présent à des auréoles de nettoyage autour des têtes ?

– Cette prétention archéologique aux « transparences accrues » à des fins de révélations soi-disant inouïes dans l’Atelier du peintre… participe en fait d’une stupidité savante. Sur ces portraits des Sabatier, la clarté de composition à la française, inspirée par une réalité du monde sensible, s’en trouve fâcheusement perturbée…

Retour au centre de la vaste composition de Courbet qui se présente, après restauration, comme une juxtaposition d’unités fragmentées… Intéressons-nous au paysage – un motif mal contrasté qui paraît en divorce formel avec l’ensemble de la peinture. Pourquoi Courbet aurait-il placé au centre du Chef-d’œuvre quelque chose de bien inférieur à un vrai tableau de paysage :  une cavité, une image médiocre, inaboutie, dissociée du reste de la composition ?

 à suivre…

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