Ballotage esthétique

Ouf, c'est la rentrée parlementaire ! Après une campagne électorale des plus prégnante, la 14e législature de la Ve République a été ouverte mardi 26 juin au Palais Bourbon, en présence des 577 députés élus le 17 juin, dont 230 nouvelles têtes.

Entre 1832 et 1835, Honoré Daumier modela une quarantaine de bustes en terre crue, têtes polychromées établies pour son travail graphique... Ces caricatures, de fines personnalités politiques, dites Célébrités du juste milieu, ont survécu à bien des vicissitudes et sont exposées au musée d’Orsay depuis 1986.

Elles furent acquises auprès du marchand d’estampe Sagot-Le Garrec sur les instances pressantes de Raymond Mason.

Dans ma vie quotidienne, comment ne pas être curieux de telles surprises visuelles ? Je vous livre ici, sans parti-pris politique, quelques images offertes par la surexposition contemporaine et collectées dans les petits pas de mon quartier.

Ces affiches électorales, conçues en vertu des exigences sophistiquées des communicants, sont en fait prisonnières des contraintes d’affichage précaire ; les militants, colleurs occasionnels, donnent ainsi à leurs icônes des visages inouïs... Leur rôle est-il de nous faire une piqure de rappel ou de nous fasciner par leur aspect caricatural ?

Ici, comme sculptées par les ondulations des barrières de travaux de la ville de Paris, ces têtes sont captées, tel un art cinétique, selon le ballotage naturel d’une cité, et non choisies à partir de leur déprédation, sur les panneaux officiels.

Daumier et tous les caricaturistes ou peintres n’y trouveraient-ils pas matière à nous faire rire ?