Tableaux photographiques

« Une chose vue vaut milles choses expliquées ». Néanmoins, il m’est demandé ‘d’expliciter encore...’

Au domaine de Villandry, j’ai dû travailler avec une rigueur toute rationnelle le dessin, pour mettre en évidence la fine plasticité de la Forme... Ces dessins ont présidé à des « estampes numériques ». Ils furent conçus en montée progressive pour y placer au final ‘le Colorant’ (en rehauts à la main) ; ainsi formulés, contre toute attente actuelle, dans un style bien différent de celui ‘relâché’ qui a cours... ! Dès lors, il me fallait aussi faire percevoir l’existence du ‘chromiste’ et du ‘compositeur’ par mes « tableaux photographiques » !

Nul doute qu’à leur conception entre 2006 et 2008, et avant leur exposition effective au château de Villandry, mes compositions photos avaient quelques longueurs d’avance...

Or le temps où, en sa demeure, se démontre noblement en divers tableaux peints (comme des fenêtres) que « les habitants d’ici ont une âme humaine, un goût, un éveil sensible, un Regard, – voyez plutôt ! », n’est plus vraiment la formule à la mode... Force est de reconnaître que l’écran télévisuel mural géant a pris la place au cœur même du meilleur mur du salon (et c’est l’oubli selon la « P’tite distraction » !?). Car les tentations des chaînes télé sont grandes... Et depuis peu, avec l’apparition d’écran plus large en TNT, et les progrès décisifs du direct qui peut conjuguer jusqu’à trois ou quatre images éclatées, le spectacle de ces polyptyques contemporains n’est plus l’expression esthétique et complexe d’un ‘sacré harmonique’.

Ainsi, par certains côtés, mes « tableaux photographiques » étaient ‘bizarrerie non conventionnelle...’ ou ‘étrangeté avant coureuse’ pour le public visiteur d’image fixe à Villandry – domaine et jardins qui sont hors des chemins des critiques d’art spécialisés... Toutefois, l’édition annexe de cartes postales (présentées ici sur un panneau d’exposition) s’est effectivement vendue, peut-être tel l’indice d’une rencontre et d’une reconnaissance !

Mais surtout, une des parts facilement démontrées en cette exposition : celle d’une importante post-création (avec des logiciels comme Photoshop) s’est très vite retrouvée propulsée dans certaines productions, affiches, et concepts des graphistes alentours... Car, bien plus vite que l’usure naturelle de la Loire, la vallée des Châteaux est friande d’un goût décoratif attrayant...

Internet et ses moteurs de recherches prolongent donc la présence de mon travail artistique. Dès lors, sa dimension innovante ‘à la française’ n’est plus aussi inédite ; admettons !

Que reste-t-il alors dans le temps de cette identité artistique rigoureuse, prolongée avec les mêmes outils que les graphistes actuels ? Seuls quelques influences éparses, éléments ludiques de contexte, si facilement phagocytés dans un lieu touristique ?

En fait, j’ai voulu, par leurs qualités esthétiques, offrir une part visuelle à l’esprit, en tableaux et en sens... Eléments qui, à en croire certains collectionneurs : « demeurent toujours d’absolus témoignages d’un regard qui enrichit ».