Communication et biens culturels ?

Vous dites : « Journées européennes du Patrimoine 2016 », et « Patrimoine et citoyenneté » ;  – magnifique !  Magnifique son affiche, qui fragmente le citoyen et le présente en bonhomme façon logo. Magnifique la transparence des musées autour de la restauration de leurs œuvres, passées de patrimoine de l'humanité à tiroir-caisse potentiel. Mais tout n'est pas à désespérer :  le patrimoine, guetté par le danger de « l'appropriation », n'en demeure pas moins vaste rassembleur de nos résistances, et donne lieu, parfois, à de justes hommages par de belles mises en valeur.

Vous avez cru à l’état d’exception du patrimoine et de l’Art ? à l’élaboration qualitative incarnée en monuments ? à la grâce patrimoniale échappant à l’usure du monde par le bienfait des efforts de conservation, voire aussi aux restaurations vraies, nécessaires au maintien de nos biens culturels ?  – c’est insigne !

Vous avez cru à l’engagement citoyen :  à la « force de l’engagement social qui nous unit tous » ? à la volonté de publication, de diffusion, « mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et de favoriser la création de l'art et de l'esprit qui l'enrichisse ». – Soulignons ‘possible’ (dans la titulature fondamentale au ministère des Affaires culturelles, en 1959), car le principe essentiel du ‘possible’, avec ses limites d’audience, est bien affirmé comme :  lieu d’espoir et d’utopies, de foi, ou d’espérance !

Vous avez cru au dépassement des rétentions propriétaires, des égoïsmes frileux sur des œuvres de qualité élaborées avec rareté, voire luxe ;  cru aux combats du partage magnifique pour lever l’écrou de la conscience de classe puisque les grandes œuvres de l’esprit sont universelles ?  Vous avez donc cru à un droit de regard nécessaire au cœur de tous les possibles/impossibles, par delà les limites et limitations ;  une liberté digne de La barricade ?  – presque dans l’élan de conscience d’un Victor Hugo affirmant « c’est pour sauver le monde » !

Vous avez cru à cette « foi nouvelle », forme moderne et laïque tournant autour d’une certaine sacralité humaine ;  laquelle confère trois notions capitales énoncées par André Malraux, celles : du sacré, du surnaturel et de l’irréel pour qualifier l’Art. En fait, l’air du temps se voulait à l’Intemporel et à l’agnosticisme introduit par l’histoire de l’Art française, car dans la famille des :  Focillon, Gillet, Huyghe, etc. Vous avez cru à la fin des images pieuses suivies par tant de vocations érudites et pédagogiques et pour l’accompagnement sur les chemins des Beaux-Arts, en l’histoire des civilisations humaines et des sociétés (architecture et bâti, sculpture et ornementation, peinture et dessin, etc.) ?  –  et c’est la force des essais de la psychologie de l’art ; tout comme l’expression artistique… « une convaincante fiction » !

Vous avez cru à la Médiation culturelle, autoroute nouvelle pour un partage, faisant suite à divers essais pédagogiques pour échanger sur votre perception, et interpréter les œuvres et les objets culturels. Discipline d’éveil, de considération fraternelle, du développement de l’être, de la dignité des prises de conscience esthétiques. Vous avez cru en une formation à l’esprit critique, bien à la française ?  Implication de l’âme humaine, esprit d’observation, recognition des normes et spécificités, et donc, aussi, possibilité de penser le quotidien en termes de  « Liberté de… » grâce à une certaine maîtrise culturelle ?  Dès lors, par amour de l’Art, vous avez cru aussi que le social culturel et les services éducatifs relevaient, dans l’égalité des chances, les trésors de l’humanité !  Combien d’heures sous-payées par rapport à d’autres domaines bien plus rémunérateurs à même niveau d’études y ont été consacrées ?  – Il s’agit de « changer la vie » et cet élan de Paix n’a pas de prix !

Vous avez cru à la participation citoyenne, informée, généreuse et active (grâce au cadre associatif, loi 1901) ? Affirmation bienveillante du goût et de la convenance esthétique dans le souci des générations futures ?  Cru à la force militante des convictions, complémentaires des compétences établies des Services publics ?  Vous avez cru au bénévolat mis au service de la sauvegarde du Patrimoine et des beaux-arts, afin d’éviter l’appropriation de biens communs… « Les gouvernements successifs, qu’ils soient de gauche, comme aujourd’hui, ou de droite, comme hier, se sont donc efforcés, en l’espace de seulement sept ans, de limiter au maximum l’accès aux tribunaux des défenseurs du patrimoine » ? (cf. lien ci-dessous)  – C’est s’opposer aux détournements perfides du Patrimoine !

Vous avez cru encore fêter, en 2016, nos trésors patrimoniaux ;  vous avez cru en la générosité partagée, offerte sans arrière pensée, le plus souvent gratuitement, avec élégance et passion en ces JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE  -  PATRIMOINE ET CITOYENNETÉ ;  cru…

… et voici l’une des conclusions de l’édito officiel : – « La pleine appropriation du patrimoine renforce le lien social. C’est une fierté qui peut aussi servir de ferment au développement économique. » Cf. agence Façon de penser dont voici les SIGNES

Non loin du ministère de la Culture et de la Communication, sous un motif décoratif en frise classique, magnifique invariant sculptural revisité ici par la lumière du théâtre français, voilà : –opéennes–, la grande ‘affiche’ –euro– !… avec sous-titrages en capitales de ‘Century-Gothic-Arial’ pour permettre l’entendement de la fragmentation ?

La forêt de petits bonshommes aux couleurs enfantines de « l’affiche du 17-18 septembre » est pour le moins confuse.

Optiquement, on pourrait la décrire aussi comme des bâtons hachés, voire des crayons de couleur tombés au sol… – dans le ‘Style’ ‘ ’ ‘ être brisé par sa géométrie même’ !?  Ceci n’est pas même le principe du contraste à l’image du Surréalisme, ou du Constructivisme, ou du Purisme ou encore du Cubisme, mais autre chose qui tient peut-être de l’Éclatisme.

Et l’on peut s’interroger aussi sur la ‘formule compression’ de cette image. On la retrouve parfois sur tel ou tel monument historique, là où une accumulation de morcellements disjoints de petits bâtons à tête d’épingle est comme agglutinée, en attente, comme fractionnée au-dessus d’un grand vide :  espace blanc du tout à l’égo… Espace bas des affiches, peut-être laissé pour « l’appropriation » (concept à la mode actuelle) ?

Sans vouloir sur-interpréter plus que de raison, ce que ce visuel de communication présente : est-ce l’histoire de l’arbre qualitatifcaché par une forêt de bâtons ?

Détail assez ‘révélateur’ – coupé dans l’image ayant cours, officiellement, pour la communication du Ministère de la Culture (français) à l’occasion des Journées du Patrimoine de septembre 2016. En l’occurrence, ce détail n’est pas plus signifiant que l’ensemble affiché, lui aussi coupé –. On s’interroge. Et faut-il fêter le patrimonial festif à la façon d’un « logo économique » ?

Beaucoup, manifestement, pour une affiche d’une lisibilité fort peu lisible.  Si l’on a comme référence une optique générale bien composée selon toutes les dimensions de la feuille.  – On se consulte sur ses propriétés murales en 2D. Car en fait, allez comprendre ici son propos, son message, son sens, sa grandeur vraie, etc. dans cet éclatement d’une ribambelle d’individus sans visage (en files d’attente) ?

Est-ce alors d’avantage qu’un affichage, un symptôme vrai, une formule d’actualité, voire un emblème du climat actuel ?

 Peut-être conviendrait-il de repérer aussi le peu d’observation des règles de communication coutumières d’une civilisation de l’écrit ?

Admettons la fantaisie ‘festive’  du message. Mais qu’en est-il de l’apprentissage des conventions esthétiques et de la  « clarté à la française » prodiguées par l’enseignement du dessin, quand on compare la qualité de mise en espace d’une écriture spontanée au feutre noir, avec l’image officielle produite par le ministère ?

Certes, chaque époque a sa calligraphie.

Maîtrise du geste, vitesse plus ou moins élégante d’écriture et de lecture – mais aussi dessin dans l’espace –  sont assurément des principes et méthodes d’écriture renforçant « le lien social ».

Remarquons dès lors que les signes de cette ‘affiche’ du 17 et 18 septembre 2016 sont à décrypter. L’information est attendue d’année en année. C’est l’acquis du ministère de J. Lang depuis 1984. Reste à savoir si l’on y trouve encore cette visée mise cette année alors que règne aussi VIGIPIRATE : « Lutter contre l’humiliation, croire que l’homme a une valeur, c’est ce qui nous sépare de la préhistoire. » (G. de Gaulle-Anthonioz, 2001, Le secret de l’espérance).

Belle expression d’une résistance et d’une confiance dans ce Secret. Implicitement, la Forme non chaotique et l’Espérance seraient premières pour la civilisation. Puisque la figure humaine de cette affiche  n’a qu’un aspect mécanique et sommaire, n’illustre-t-elle pas une idée futile de l’appétence culturelle  – à toute vitesse ?

On voit, non plus des êtres humains en éveil devant des moments : « œuvres capitales de l’humanité » mais, en l’occurrence, des petits bonshommes, éclatés de désirs, mis en commun… en files processionnaires ?

Si nous sommes au ‘régime pictogrammes’ sourions donc un peu. Voici un exemple de signes de retrouvailles obligées et culturelles en un lieu donné, de convergence exceptionnelle. Mais, s’il s’agit d’un rendez-vous festif, humain, une communion aux biens culturels, pourquoi se priver de la profondeur des volumes sensibles, et des incarnations diverses, avec maîtrise technique et excellence de la main !?

Voire plus pâle, mais ici sur le passé doré des nobles rocailles à Versailles, un autre exemple ;  quoi de plus abstrait pour illustrer ce grand mouvement d’urgence absolue de l’événement qu’une signalétique pour WC ou pour Evacuation. Il s’agit de « dessiner aussi notre présent et notre avenir », invoqué par la Ministre de la Culture et de la Communication

Or, pari gagné, bien des qualités d'interdépendance et d’appartenance ont résisté à la hantise des attentats, voire au terrorisme mental de la peur dans la peur

Avec courage, les deux Journées ont été maintenues. Une marque de vie sur le naturel français qui n’avait que peu de dette envers le goût créatif de la communication en  2016.

J’eus le plaisir de rencontrer une collectivité vaillante… même en condition VIGIPIRATE  – présente comme à l’accoutumée –  forte de son acquis culturel pour perpétuer le lien social d’une vielle civilisation, orgueilleuse mais courtoise. Nous l’avons constaté, c’est effectivement dans le néanmoins que les français ont été fiers de sortir aux sources « d’un bien commun, d’une histoire commune ». Elément positif d’échanges sur le patrimoine qui suscite évidemment l’admiration.

Mais au fond, c’est au quotidien qu’il y a de quoi s’émerveiller, et d'une foultitude de signes esthétiques à regarder…  J’en veux pour preuve d’autres écritures naïves, culturelles, ou savantes au domaine des beaux-Arts et des rues.

Dans cet ordre d’idée, voici pour le passant attentif :

Etonnant, engagé dans le signe d’un couloir cycliste, sous la fontaine de la Croix du Trahoir (cf. lien), ce ‘petit bras de fer en papier’ découvert par hasard serait tout aussi ironique. Une réplique vraiment abstraite au regard des richesses encore fascinantes du patrimoine savant et sculptural. Pourtant, hors confusion de la circulation, mon petit bonhomme jaune était naïvement, ainsi, comme pour en rire.

Non loin de là donc, mais plus culturel – et possiblement célébrée en ces jours –  voici une réplique dans la tradition de Jean Goujon (1510-1566), sculpteur dans l’inspiration classique et antique :  une nymphe ou Source de Louis Boizot (1743-1809). Ce n’est qu’un des exemples de ce que les parisiens ont au quotidien sous leurs yeux.

Ce bas-relief plus vivant que le passant est un des éléments marquant d’une généalogie à tiroirs, nommé :  convenance formelle architecturale et artistique…  – La ‘convenance formelle’ étant une des sources essentielles du goût et des Arts appliqués, enseignée autrefois dans les écoles par la pratique du dessin. Ce ne sont pas « des dogmes édictés » mais des principes vitaux de l’harmonie.

Dans cette idée, l’application savante de cet ensemble est exemplaire dès 1773. Après reformulation (cf. lien après texte), il a fallu encore que Jacques-Germain Soufflot (1713-1780) en cristallise la forme définitive et ornementale, bien vivante jusqu’à ce jour  – dans l’axe de la percée ultérieure de la rue de Rivoli en 1835.

Il fut un temps où le décor n’était pas un placage sur de la mauvaise architecture :

Cette Source délectable et merveilleuse est l’expression de l’art savant offerte au citoyen par Louis Boizot, bel exemple patrimonial de la rue St Honoré (Paris 1er) ; photographiée ci-dessus, Bd. des Invalides, extrait de « l’exposition d’affiches », encore présente au Conseil régional d’île de France :  Architectures en Ile-de-France.

Sur ce cliché, on peut admirer un ‘camaïeu’ naturel, une belle patine de la cité parisienne qui souligne l’excellence du relief du dessin sculptural sur une pierre de calcaire dorée.  Sur mon visuel (ci-dessus), il est paradoxal d’observer les jeux chromatiques des carnations : la diversité des gris de la nymphe sur son socle plus clair (chromie la mettant en relief, aérienne dans l’élan de son geste) ;  et le teint hâlé de la passante, en bas à droite.

– Remarquons que, dans notre culture, le bronzage est un signe de vacances et de liberté, alors que la teinte magnifique de la patine, dans notre société hygiéniste, fait l’objet de nettoyages agressifs pour la pierre et pour l’esthétique… (il faudra y revenir dans un futur billet).

Les beiges beurre frais des pierres appartenant au bâtiment support, ainsi que le tronc du platane font un contre-point remarquable et harmonieux… Ils mettent la nymphe en relief sur ce fond de bâtiment. Ils sont éléments divers, porteurs de l’idée du temps et des traces de mémoire de la Croix du Trahoir, Paris 1er (fameuse mais oubliée !). Une jonction patrimoniale ‘en tiroirs’ qui raconte notre histoire…

En cette année tout particulièrement, puisque nous y croyons, le Patrimoine est à revivre, à revisiter, à goûter encore. Ce pourrait être face à la montée des radicaux qui défigurent le génie humain  – avec le fanatisme aveugle des barbares dits ‘Religieux’ – un lieu de résistance pour la Paix…

Selon l’exceptionnel de l’occasion, et malgré VIGIPIRATE, le festif annuel  consista en : « 1 500 lieux ouverts au public en Île-de-France, 517 ouvertures liées au thème national « Patrimoine et citoyenneté » ;  avec animations culturelles » de qualité. Et pour ce faire, quels trésors !  Audrey Azoulay, Ministre de la Culture et de la Communication, annonce « plus de 26 000 animations en métropole et en Outre-mer ».

« Journées européennes du Patrimoine 2016 » Dans l’actualité citadine d’aujourd’hui, il y a tant de : ‘il était une fois’ à Paris, c’est-à-dire d’expositions photos sur des grilles ou des monuments, après le premier essai parisien sur les grilles du Luxembourg. A cet égard la manifestation photographique, « réalisée par les photographes du service Patrimoines et inventaire à l'occasion d'études ou d'éditions, permet d'explorer, et de faire connaître, toutes les facettes du patrimoine francilien » (cf. lien). Musée imaginaire de l’Architecture de l’antiquité à nos jours, elle vaut le détour et le temps du regard. Au 35 Bd des Invalides, Paris 7ème, les visions architecturales sont stupéfiantes de présence : le pont des Belles Fontaines, la passerelle de Cergy, la cathédrale dédiée à la fée électricité, la piscine de Pantin, etc. mais c’est aussi le patrimoine francilien sous toutes ses coutures proposé aux internautes par la Région. C’est un remarquable effort de transparence et d’accessibilité à notre Patrimoine bâti. 

Visions de La source de Louis Boizot, et d’une vue de Moret-sur-Loing démontrant un savoir professionnel de mise en évidence bien plus enrichissant qu’une carte postale touristique.

Dans cette idée de visualisation des mystères artistiques du nu, voici un jeu d’ombres profondes dans une lumière estivale de la cour carré du Louvre. Je l’ai gouté selon sa mise en volume par des lignes, telles qu’Ingres, Degas, Gris, Picasso et, naturellement, Courbet aimaient à les dessiner.

A mon sens, le maître mot nocif et trompeur d’aujourd’hui est l’appropriation (de nos biens communs et patrimoniaux). Il n’y a pas un discours mode dans lequel ‘appropriation’ ne paraisse. Et dans les faits qu’en est-il ?

Sur les exemples ci-dessus, comme sur d’autres dont nous aurons à reparler, force serait de définir l’intégrité du patrimoine artistique, comme un empilement formel harmonique et historique qui demeure vécu et peut fasciner… jusqu’à un respect quasi sacré. La délectation, la contemplation, le ravissement esthétique sont peut-être à gagner à la suite de files d’attente aux liens du Patrimoine, mais ne procèdent pas des ses contraires : j’ai consommé, j’ai fait, j’ai eu accès pour m’approprier.  

Les notions de pudeur, de dévoilement et d’obscène peuvent bouger sur le principe visuel d’une chose et de son contraire. D’où l’importance d’invariants esthétiques à conserver au musée comme répertoire de formes et traces de la mémoire. Trois exemples de référents à ce carrefour au Musée d’Orsay :  une sculpture d’Ernest Christophe La Comédie humaine ou Le masque, la muse de L’atelier du peintre  de Gustave Courbet et L’Olympia de Manet ont été des signes, des marqueurs.

Mais beauté, admiration, respect, préservation sacrée, répertoire de modèles à ne pas toucher, à laisser le plus possible inchangés en tant que références (intangibles), sont-ce encore là des exigences qualitatives d’importance au musée, des propriétés compatibles avec l’usage actuel des EPA  (devant les besoins d’établissements publics administratifs à la recherche de fonds) ?

Dès lors, le M’O a ainsi convié le public le 22 septembre « Cédez au chant des sirènes et redécouvrez le travail de ces artistes dont la cote est en train de flamber ! »

– Faut-il fêter cette mutation dans une confusion des genres… (objets de qualité musée – objets ‘flambant’ pour les marchés) ?

Quant aux financements légitimant les opérations de « restaurations esthétiques » (pensées en terme de retombés financières et médiatiques)  – danger !

« La pleine appropriation du patrimoine… » (sic). Allez comprendre pourquoi peu se sont inquiétés de l’opération Courbet en observant tout ce qui a fait l’essentiel de la communication au musée… puisque « ferment au développement économique » sur la base d’un « gisement culturel à exploiter » ?  Officiellement on parle de « mise en valeur » ;  peut-être la Cour des comptes pourrait-elle poser aussi un coup d’œil objectif sur la part visuelle (question complexe de gestion et d’esthétique devenant objectives ?). Cf. sur l’Atelier du peintre du G. Courbet intitulé :  EN PLEIN CŒUR MUSÉE ORSAY. MAGNIFIQUE 22m2. IMPORTANTS TRAVAUX À PRÉVOIR. – Hélas, nous aurons encore à en reparler !

En haut : état avant restauration dont il a été dit que « Les vernis aplatissent les plans quand ils jaunissent. Les repeints cachent la couche originale... » En bas : l’installation manifeste le peu de souci accordé dans cette opération à la transparence pour le public.  Reproduction de référence-pédagogique d’un climat chocolat, avec des noirs bourrés et des clairs percés, et des tons moyens faisandés, donc sans observance vraie des nuances et des finesses de la peinture de Courbet ;  image presque aussi peu nuancée ou subtile qu’une signalétique simplificatrice (mais éléments d’information validés par les conservateurs-restaurateurs au M’O). Cage à multi-reflets, étonnamment parasitée par son grand verre ;  avec, entre le public et le tableau  – d’évidence –,  des objets occultant une visibilité globale du grand chef d’œuvre de Courbet ;  lumière générale étouffée et voilée à l’intérieur de la vitrine, etc.

Voilà peut-être aussi pourquoi le public, plus éveillé à la fête qu’ébloui par la communication de l’opération,  peut sentir le côté discrétionnaire de la « restauration en public » qui ‘touche à sa fin’ (sic). Comment croire ici au principe de transparence – un droit citoyen –, lorsque tout paraît fait avec un parti-pris de dissimulation ?  Assurément, avec la puissance de frappe des annonces de ‘découvertes’ par le M’O et le C2RMF, et des moyens techniques utiles à l’opération, le public va se mettre encore en position d’idolâtrie... 

Mais, quoiqu’il en soit – méfiance !  Et la question Communication et biens culturels va se poser ? Serons-nous témoins d'un pictocide à fêter ? Peut-on supposer qu’au musée, il puisse s’agir de s’approprier un chef d’œuvre, tableau capital de l’humanité ? – Toile restaurée façon 2014-2016, mais peut-être aussi clairement gâchée en sa forme ?

Depuis les annonces, puis les secrets, il fallait oser publier ouvertement quelques  inquiétudes sur une dépréciation possible du patrimoine artistique au musée… ce, en divers billets du blog (autant d’éléments de citoyenneté ?).

Samedi dernier  – à l’occasion des Journées du Patrimoine –  l’on pouvait s’attendre à une accessibilité du public dans la cage de verre – selon une logique vraie de transparence offerte… Or, pour le grand Courbet, il n’en a rien été.

A ma requête auprès de la conservation (dont nous aurons à reparler), puis, auprès renseignement pris à l’Accueil du Musée, il m’a été répondu qu’Orsay n’avait pas à prendre part à ces journées festives… puisque cet établissement avait ses propres manifestations à venir, dont celle d’une nocturne (le 22 septembre), intitulée « Kitch ou pas kitch ? Les pompiers ».

En fait ce fut l’occasion pour le musée d’Orsay de réaffirmer son autorité par sa… « Curieuse Nocturne » festive et musicale… avec la complicité innocente de jeunes artistes et de restaurateurs.

Dans le préambule de la plaquette accompagnant l’événement, on peut lire à propos du statut de l’artiste, ceci : « (…) le respect des dogmes édictés étant déterminant pour leur carrière. Deux siècles plus tard, cette même volonté de reconnaissance [les habitent] ». Assertion étonnante au M’O, suffisamment symptomatique pour être mise en gras et soulignée.

Des propos officiels qui me paraissent bien loin des engagements du ‘vécu artistique’ de l’époque en général… et surtout des points de vue  – naturellement subversifs et contestataires –  des Impressionnistes de haute tradition ?

Par ailleurs, une nouvelle fois je n’ai pu que remarquer que la lumière de la salle violette-aubergine (qui était excellente avant les volontés nouvelles d’intervenir sur les G.Courbet) était à présent ainsi distribuée et orientée qu'il en résulte :  un maximum de reflets chromatiques rouges, avec multi-effets lumineux corolaires mais parasites pour le regardeur. Dès lors, une critique légitime  – en réponse à la communication du musée et du C2RMF –  va devoir être encore avancée ; je le déplore !

 donc…  – à suivre

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