L’Emergence des marronniers…

C’est peut-être l’émergence la plus fantastique des bourgeons printaniers ! Ces jours-ci, avec des fulgurances arides et chétives, après bien trop de douceurs précédant un froid violent, les bourgeons de marronnier se déploient…

Ici, Jean Calvin, tête revisitée d’après les grands réformateurs protestants du Mur des Bastions à Genève, où depuis quelques années déjà, cette conjugaison d’emblèmes de renaissance fondent l’une de mes sources d’inspiration.

Pourquoi suis-je encore à remarquer que l’éclosion des marronniers a quelque chose de splendide, de puissant, de mystique ; de profond, d’élégant, de rigoureux, et de superbement sculptural… ce, à tous les divers stades d’ouverture ? Pour moi, c’est voir et sentir le moment sublime du déploiement de l’être…

L’émergence vitale des marronniers se configure invariablement en mandorle ou cône ; en pousse de symétries axiales /bilatérales, puis à nouveau en mutations bilatérales et axiales… pour qu’enfin s’établisse La bonne répartition des premières feuilles — avant l’apparition de leur grappe de floraison à butiner.

Au troisième stade d’ouverture des marronniers, il y a toujours dans tout ce petit peuple végétal en métamorphose, ceux et celles qui font penser au bourgeon des deux mains de - La Cathédrale de Rodin - (signe de prière à la Vie ?).

Photographiés au Jardin des Tuileries à Paris (les 11 et 12/03/2012), nos marronniers vivent à nouveau les joutes vertes des lumières luisantes du jour. Les revoici, après forces lances dardées, encore moelleux lors de l’ouverture ; devenus chevrons délicats, claviers d’échelons ascendants, ils sont ici promesse de leurs futures ombres sourdes et apaisantes.

Au soir de soleil rouge, dans ces premiers longs jours printaniers, tintent aussi peut-être à nos oreilles quelques traditions de l’« hamani »… (tradition japonaise qui consiste à se livrer à la contemplation des Prunus roses et des Cerisiers blancs) !

Natif de la bonne Ville de Genève, je ne résiste pas à vous livrer une autre tradition d’unisson avec la nature. Ici - L'esprit du marronnier - communiqué de presse du Grand Conseil de la République et Canton… On peut y lire, sous la plume de Marie-Anna Hutter, Sautier (ou Secrétaire générale du Parlement genevois), en date du 13 mars 2012 :

« Le marronnier officiel a sorti sa première feuille le 13 mars 2012. Sur ses branches cohabitent les nouveaux bourgeons, tout luisant de sève, et les bourgeons desséchés, victimes du gel ayant succédé à la météo clémente de cet automne.

« Il est d'autres marronniers qui frappent les esprits. Celui qui, par exemple et par un soir tempétueux de juin, s'abattit sur Ödön von Horváth flânant sur les Champs-Elysées, et mit brutalement fin à l'existence de l'auteur engagé des "Légendes de la forêt viennoise".

« Notre marronnier de la Treille, plus accommodant que ces cousins parisiens, insuffle en ce jour et par la délicate émergence de sa première feuille, son esprit printanier, mettant ainsi un terme aux tempêtes hivernales. »

N'est-ce pas simplement magnifique en tout ? Dans notre monde abstrait fait de distanciation, voire de virtuellement numérique… voilà quelques édiles de Genève qui s'arrêtent de courir (alors que tout les presse !), pour une certaine qualité du Présent, et pour rendre hommage à la Vérité naturelle.

A partir de quoi, journaux et médias helvétiques reprennent en cœur ce merveilleux ‘non événement politique’. — Superbe tradition esthétique d’observation et d’observance à la vie que ce communiqué sur l'embellissent du monde selon l’éclosion nouvelle d’un végétal !

Mais attention, que nous signifie le "Marronnier de la République" lorsque, comme en témoigne ma photographie du 3 novembre (ci-dessous), une série de secondes premières feuilles s’est déployée à l’automne 2011 sur cet arbre de la Treille à Genève ? En tant que référence et calendrier naturel, cette horloge végétale est-elle à 10h10 ?